" Tintin chez les Belges " est en librairie dès ce jour au prix de 9.95€ (en Belgique)....
Tout est belge dans Tintin mais Hergé s'est ingénié à brouiller les pistes, à déguiser les noms des personnages et des rues, à gommer les marques de bières, de voitures, de motos, à réinterpréter les paysages ou les patois de Bruxelles, de Flandre et de Wallonie...
Moulinsart et « Le Soir » ajoutent une aventure de plus à celles du célèbre reporter à la houppe : « Tintin chez les Belges ». Hergé n'a jamais installé une aventure de son héros en Belgique, mais les références belges courent parmi tous ses albums. C'est ce que ce livre démontre.
Tintin a été partout. Chez les Soviets, au Congo, en Amérique, au Tibet, en Amérique du Sud, à Shanghai, à Genève, en Syldavie… Mais aucun album ne se passe en Belgique, pays de Hergé, et de Tintin aussi d'ailleurs. Et, en même temps, la Belgique est omniprésente dans toutes les aventures du jeune reporter. C'est ce que veut montrer cet album que Le Soir vous propose dès aujourd'hui : Tintin chez les Belges.
« Dès qu'il a eu du succès, Hergé a voulu gommer les localismes pour dessiner un univers le plus international. possible. Afin qu'on ne puisse pas dire que Tintin n'était qu'un héros belge. Il a voulu le débelgiciser, explique notre ami du Soir Daniel Couvreur, qui a dirigé la rédaction de cet ouvrage. Mais Tintin, c'est belge, sans l'être directement. Les uniformes des gendarmes et des postiers, le palais royal, les motos, les locomotives… »
Quand Tintin embarque sur le Karaboudjan, au début du Crabe aux pinces d'or, ce sont les quais du port d'Anvers que Hergé a crayonnés. Moulinsart doit son nom à Sart-Moulin, un hameau du Brabant wallon près d'où Hergé vivait. La devise de la Syldavie, « Eih bennek, eih blavek », c'est du bruxellois : « j'y suis j'y reste ». Foudre bénie est myope comme une taupe de Wï-Pyiong, et c'est de Wépion que Hergé parle, évidemment, même si on doute que les fraises et les taupes ont un quelconque rapport de parenté. Pour gagner l'aéroport de Genève-Cointrin dans L'affaire Tournesol, Tintin prend un avion de la Sabena qui décolle de Melsbroek.
Les camions Miesse
« Le problème est qu'on ne reconnaît plus grand-chose, directement, reprend Daniel Couvreur. Les uniformes ont changé, les couleurs des locos aussi, les motos Minerva n'existent plus et on ne parle plus le bruxellois. Bref tout ce qui était typiquement belge s'est un peu effacé de la mémoire. Et pour les Belges aussi, ces références sont devenues aussi exotiques que pour les lecteurs d'ailleurs. »
Pour entreprendre ce livre, il n'y avait pas d'alternative : il a fallu tout relire. Car on n'a jamais interrogé directement Hergé sur l'aspect belge des aventures de Tintin, parce qu'il n'y a jamais eu non plus d'étude sur ce sujet.
« Mais il fallait relire en ayant l'œil du spécialiste. Un exemple, celui des camions Miesse, qu'on voit dans Le Lotus bleu. C'est une marque belge. Mais qui la connaît encore ? Même si ce fut le plus important constructeur automobile belge et qu'il fut le dernier à fermer ses usines, dans les années 70. Il fallait un spécialiste de l'histoire de l'automobile pour reconnaître la calandre Miesse dans les cases de Tintin. »
Bravo donc aux scrutateurs. Même s'ils avouent qu'ils n'ont sans doute pas tout remarqué. « Je suis sûr qu'il y a encore des références belges à trouver dans les albums de Tintin », dit Daniel Couvreur. Mais cela nécessitera une analyse bien plus approfondie et plus scientifique que celle-ci. Qui nous apporte néanmoins un grand plaisir de lecture et un grand sourire sur les lèvres. Surtout à lire le titre de Paris-Flash dans Les bijoux de la Castafiore : « Ghand, joyau des Ardennes belges, célèbre pour ses champs de tulipe. »
Modifié 1 fois. Dernière modification le 20/12/10 12
ec par speedyjp.