Question n°57 - Les Noirs, auxiliaires 'naturels' de la martingale orientale 'noire'
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mik (Adresse IP journalisée)
Date: 03/07/23 16:Jul
Les études sur Tintin évoquent régulièrement le prétendu racisme d'Hergé, bizarrement cantonné aux Noirs, si caricaturaux et infantilisés qu'on peut et doit les suspecter d'être des 'avatars' (‘Soviets’, case 1) liés à la sombre martingale de la maltraitance infantile à l'origine de Tintin, pour qui la couleur noire est lié aux 'Indes Orientales' via l’Ile noire, dont l'adjectif 'noir' signifie 'oriental' en gaélique, tandis que dans la langue locale (le 'sondonésien'), 'noir' ='selam' ='malais' (voir question n°32).
Le lecteur est ainsi tacitement 'orienté' et invité à chercher la mystérieuse martingale (maladroitement admise par Hergé sur Antenne 2 lors du cinquantenaire de Tintin, en janvier 1979, voir sujet 'black-out') du côté de l'Asie du sud-est, une martingale 'taboue' puisque censurée à l'INA, un 'passage secret' propre à dévoiler la sombre histoire familiale qui suinte des interviews d'Hergé, une martingale 'noire' implicitement liée aux Noirs présents dans Tintin, une martingale dont les syllabes s'avèrent être à l'origine des 'multiples avatars'.
Parmi ces Noirs, un des hommes d'Al Capone ('Amérique', p.1-A2) n'a pas été 'blanchi', mais redessiné et plus encore noirci par Hergé dans la version définitive, comme pour se rire de la très discutable 'censure' éditoriale US de l'époque, ce qu'il confirme implicitement quand il écrit dans une lettre citée par P. Assouline ('Hergé', éd. Folio, p.474) que "Le souhait de l'éditeur américain était: 'pas de Noirs' (..), car ils n'existent pas (comme chacun le sait aux USA...)".
Inexistant, ce Noir évoque tacitement le grand principe cryptographique 'nul' ='zéro' ='sifr' arabe, d'où un 'Chiffre' vraisemblablement présent dans les scènes 'avec Noirs'.
Assombri, ce Noir implique que si un tabou racial peut être transgressé, un tabou familial doit pouvoir l'être aussi, même s'il est dit par une martingale secrète censurée depuis des décennies à l'INA.
Les Noirs et les personnages 'noircis', facilement repérables, pourraient receler une 'histoire dans l'histoire', une 'mise en abyme' qui permettrait alors d'aller 'plus loin' dans le Tintin d'Hergé, via une anagramme ou un dessin inscrit dans la grille des 6x4 albums, comme le font par exemple le mot 'joie' (question n°54), le mot 'assassin-' et les 'éclairs-runes Sowilo' placés en phylactères (question n°55), les 'éclaboussures' (voir sujet), le mot 'naturellement' (question n°56), etc. etc., et ainsi révéler un lien entre 'Noirs' et martingale 'noire'.
Mais la recherche d'anagrammes ou de dessins (vus directement, ou en négatif) inscrits dans la grille via les runes liées aux aventures 'avec Noirs' n'est pas concluante, et cette piste peut et doit être écartée.
En revanche, un examen plus approfondi révèle que les Noirs balisent les scènes qui ont une fonction 'poétique' (Michel Butor, cité par Ludovic Schuurman dans 'Les Iles noires', 2023, p.462-463) dans Tintin, qui est de désigner les mots capables d'amorcer les 'procédés trans-culturels inédits' prévus par Hergé (question n°26, etc.).
En d'autres termes, dans Tintin -toutes éditions confondues- les Noirs révèlent 'inconsciemment' les bases du système hergéen d'écriture secrète, ébauchant le 'nomenclateur' (= 'répertoire des équivalences') qui permet le cryptage puis le décryptage du Tintin d'Hergé. Dans le cas présent, ce nomenclateur est unique en son genre, puisqu'il est dessiné, non écrit, par conséquent 'illisible' et sans le moindre ordre logique permettant de s'y retrouver, contrairement par exemple à celui d'Antoine Rossignol, dit le 'Grand Chiffre' (question n°13).
En plus d'être 'illisible', ce nomenclateur -dont dépend tout l'hermétisme de Tintin- est en réalité un 'supernomenclateur' à première vue totalement improbable, fait des avatars potentiels que sont les mots courts issus des dizaines de langues signalées par Hergé via les anomalies graphiques qu'il a parsemées dans son Tintin. Ces avatars permettent d'aller 'plus loin' en laissant entrevoir la martingale via les traductions de ses syllabes en mots courts, des 'syllabes-avatars' capables de révéler les liens secrets qui la lient aux personnages, albums, oiseaux, bijoux, animaux, objets, etc., qui prouvent que Tintin a été réalisé grâce à un 'plan précis', celui de la trame donnée par l'enchaînement des syllabes de la martingale secrète, contrairement à ce qu'a prétendu Hergé, sans doute dans le but de brouiller mieux encore la piste de son indicible secret, comme si besoin était.
En d'autres termes, les 'mots dessinés' dans les scènes 'avec Noirs' sont des 'échos illustrés' des syllabes de la martingale 'noire' ='orientale', dont voici la liste non exhaustive:
- 'Soviets': chien Milou noir de suie, étrangement réapparu dans un jet de vapeur, tête et mains de Tintin noires de saleté.
- 'Congo': charpentier Noir portant scie et marteau, des 'outils' (='utiles', en espagnol) qui effraient et font fuir Milou, marin Noir témoin d'une violente électrocution transmise par un câble, autre marin Noir qui lance une bouée attachée à une corde, enfant Noir nommé 'Coco' aux syllabes jumelles similaires emmené comme guide, Coco qui demande s'il peut venir, Coco qui a peur, Coco qui a chaud, Coco effrayé par un singe 'parlant' (= Tintin dissimulé sous une peau de singe), Coco qui étrangement disparaît après dix apparitions, Coco qui ment en prétendant revenir, Coco dont la disparition révèle qu'il était sans importance pour Tintin, qui ne la remarque même pas, passagers Noirs assis dans des wagonnets de mine (= 'dram' gallois, avatar de la signature d'Hergé, voir question n°31), femme Noire qui porte autour du cou un renard curieux sous les Tropiques, chef de station Noir muni d'un drapeau rouge, Noir malade et vite guéri, Noir portant chapeau melon et tenant arc et flèches, sorcier Noir affublé d'un disque sur la tête, tenant un fétiche très tabou au crâne fendu par une hache, vieux Noirs à barbe blanche, locomotive 'cassée', porteur Noir seul muni de souliers, chaise où trône un roi Noir fumeur de pipe, muni d'un rouleau à pâte et de boucles d'oreille, vêtu d'une peau de léopard, les pieds posés sur une caisse servant de marchepied, second roi Noir porteur de boucles d'oreille, assis sur un tabouret, surpris par une flèche qui se plante dans un tronc d'arbre et transmet un message en présence d'une tortue retenue par une ficelle autour du cou, soldats Noirs équipés d'un fusil ancien monté sur un chariot qui finit cassé, électricité étroitement associée à un arbre et à des flèches, Noirs qui se battent pour un chapeau, Noirs qui miment une agression, garde Noir proche d'une chaise posée sur un marchepied, sur laquelle trône Milou qui incarne un troisième roi, Noir en uniforme de soldat, Noirs qui pleurent et vénèrent Tintin et Milou fétichisés ('fabriqués', et par conséquent 'artificiels'), posés sur de hauts 'marchepieds'.
- 'Amérique': Noir qui résiste au 'souhait de censure' de l'éditeur US ('Amérique', page 1), Noirs invisibles mais néanmoins associés à un chiffre et à un nombre, Noir habillé en domestique ou valet, bébé Noir aux hurlements 'chiffrés' .
- 'Cigares': Noir chargé d'une tente portée en rouleau, Noir désignant un cordage et signalant un danger lié à un bateau, Noir associé à des 'choses inutiles' (~’nulles’ =’zéro’ ='sifr', d’où le 'Chiffre'), et pourtant vendues à Tintin.
- 'Lotus': Noirs membres de la 'Société des Nations', qui écoutent le discours d'un Japonais, parmi d'autres délégués.
- 'Oreille': Tintin en faux Noir déguisé en majordome, étroitement lié au fétiche arumbaya étymologiquement 'fabriqué' (au moyen de deux runes, voir questions n°13, n°17, etc.), Chicklet agressé par une projection d'encre noire sur le nez, qu'il essuie en s'aidant d'un petit miroir.
- 'Ile noire' NB: Tintin noir de suie ferroviaire, encre noire liée à des rouleaux encreurs.
- Crabe' (v.o.): Noir nommé Jumbo qui désigne un cordage, Noir ligoté sur une chaise et violemment frappé, tortionnaire Noir qui frappe Haddock à coups de canne, alors qu'il est attaché à un piquet planté dans le sol.
- Trésor': Noir accompagnant un homme qui brandit un arbre généalogique et prétend descendre de Rackham le Rouge.
- 'Cristal': Tintin noir de suie de cheminée.
- 'Or noir': garde Noir nommé Abdul, qui coince son arme dans une porte que Tintin libère en disant 'Nuts' en même temps que 7 + 4 étoiles apparaissent, chef-coq Noir vidant un seau de détritus à la mer, Noir qui verse une larme et semble effrayé par la voiture 'de course' jouet d'Abdallah, encre noire projetée sur le visage de Müller par l'arme-jouet donnée par Abdallah.
- 'Coke': Noirs libérés de la cale du bateau 'Ramona' grâce à une échelle, Noirs très agressifs puis violemment éclaboussés d'eau, Noir contraint de montrer les dents, garde Noir devant une insolite et immense tente dans le grand salon de Moulinsart, en présence de moult coussins, couvertures et tapis, dont certains disposés en rouleaux.
- 'Affaire': cantonnier éclaboussé de goudron noir, malgré l'injonction de ralentir donnée à l'aide d'un drapeau rouge.
- 'Picaros': au carnaval de Tapiocapolis, Noir proche de danseurs en costume écossais, couple de danseurs Noirs vêtus d'habits anciens, dont une robe rose ornée de motifs qui évoquent trois runes Dagaz.
Ce qu'il faut repérer en premier lieu dans cette liste à la Prévert, ce sont les Noirs invisibles mais étrangement 'chiffrés' (‘sept nègres’, ‘Amérique’ p.34-B2), puis 'nombrés' (‘44 nègres', 'Amérique', p.36-B3), qui signalent ainsi naïvement un ’Chiffre’ associé à un 'nombre', tous deux redits plus loin sous la forme de 'A' dans les hurlements du bébé Noir ('4x A' dans 'Amérique' NB, pl.94-C2), par la suite devenu Blanc ('7x A' dans la version couleur, p.47-D4), afin de redire le leitmotiv ‘familial’ d'Hergé, tandis que les cinq nourrissons qui suivent dans l'oeuvre signalent les runes qui inscrivent -dans la grille de lecture hergéenne- l'anagramme du mot 'AMOUR', dont l'absence révèle, comme on l'a vu à la question n°53, un immense '8' italique couché.
Les petits lecteurs de 'Tintin au Congo' pouvaient-ils suspecter un Tintin d'Hergé 'à la fois très simple et très compliqué', à commencer par ses avatars d'écriture, comme 'échelon, marchepied' ='létra' hongrois, écho de 'letra' espagnole ='lettre', ou 'chien' ='pas' croate, reflet de l'anglais 'step' ='marche'?
Un autre avatar essentiel est le mot 'peau' ='hide' anglais, qui signifie aussi 'cacher', avatar d'invisibilité dont les onze occurrences inscrivent dans la grille des 6x4 albums un '3 géorgien et géorgique', autrement dit l'invisible signature d'Hergé, associée à l'aventure de 'Vol 714', qui mène à la langue du secret, dit par la martingale 'sondonésienne'.
Il suffit alors de repérer quels types de 'peaux' sont 'balisées' par des Noirs dans Tintin, puis de suivre les procédés trans-culturels de traduction, jusqu'à l'obtention d'autres avatars utiles en lien avec la martingale de l'abus.
Si ce cryptage 'enfantin' était nié ou jugé indigne du grand Hergé par certaines sciences dites 'humaines', celles-ci risqueraient de ne guère sortir grandies en manifestant ainsi leur indifférence ou leur mépris pour le Tintin d'Hergé.
Hergé disait s'amuser beaucoup en créant son Tintin, et cela devait tenir essentiellement à la satisfaction de trouver les bons 'jeux de mots trans-culturels' capables de 'dire ce qu'il avait à dire', prenant ainsi sa revanche d'enfant abusé et maltraité en mystifiant ses lecteurs jeunes et adultes à l'aide de son très innovant et très invisible cryptage 'enfantin', qui mérite le plus grand respect.
Apparemment, le cryptage d'Hergé ne semble pas beaucoup intéresser ses lecteurs actuels, sans doute parce que trop clivant, trop disruptif et bien trop compliqué en l'absence de notions d'écritures secrètes, de langues étrangères, et d'intérêt pour la cryptographie littéraire dite 'oulipienne'.
Sans doute le cryptage hergéen est-il également trop daté, trop enfantin et 'boy-scout' pour vraiment divertir ses lecteurs modernes, dont la perspicacité et la maturité ont été peut-être surestimées dans le fameux slogan 'pour les jeunes de 7 à 77 ans', qui n'avait pas non plus anticipé le futur désintérêt général pour la cryptographie au profit de sa soeur cadette, l'informatique, qui néglige les écritures secrètes au profit d'activités autrement ludiques, ou de réseaux dits 'sociaux', propres à saturer les neurones au détriment du bon vieux Tintin d'Hergé, qui par dessus le marché n'a vraiment rien à voir avec des sciences dites humaines.
Peut-être existe-t-il encore d'autres raisons qui justifient la triste omerta de la tintinologie sur le Tintin d'Hergé, comme la honte de révéler la vérité brute de cette 'histoire dans l’histoire' -ce qu'est précisément la stéganographie- au risque de se salir les mains avec une trop vilaine affaire familiale (voir sujet 'Tchake'), et de perdre des lecteurs en mettant fin à une supercherie et à une imposture.
Un tel mercantilisme serait toutefois difficilement soutenable en regard de la détermination de Georges Remi à révéler ce que fut sa petite enfance. Tout indique qu’il souhaite encore et toujours que son Tintin devienne adulte et soit enfin reconnu pour ce qu’il est, à savoir un témoignage qui tient du génie, de l'obsession, et du souvenir indicible que le petit Georges désire impérieusement transmettre pour des raisons qui lui appartiennent, sinon il ne se serait évidemment pas amusé à le crypter (voir sujet 'Lire Tintin aujourd'hui: une affaire de double consentement').
Et maintenant, la question n°57:
Dans Tintin, une cinquantaine de Noirs sont invisibles mais 'chiffrés' (‘sept nègres’, ‘Amérique’ p.34-B2), puis 'nombrés' (‘44 nègres', 'Amérique', p.36-B3), signalant ainsi un ’Chiffre’ associé à un 'nombre'.
Dans le cadre du très personnel et obsessionnel Tintin d'Hergé, comment aller plus loin et faire parler ces personnages invisibles, sachant que 'nombre' = 'nom' en espagnol, et qu'Hergé est obsédé par le 'Chiffre', qui permet la divulgation de son indicible secret de famille, 'noir' et 'oriental' ?
Réponse dans 'Premières conclusions', après la question n°47.